Histoire de la Faïence
La faïence des Terres Cuites de Raujolles
La manufacture des Terres Cuites de Raujolles est implantée sous le viaduc de Millau, au lieu-dit Raujolles, à quelques pas de La Graufesenque, le plus grand site industriel de céramiques romaines de l’Antiquité.
Les Terres Cuites de Raujolles perpétuent un savoir-faire d’excellence né il y a 2000 ans, en utilisant les mêmes bancs d’argile que les romains pour la fabrication de faïences et de terres cuites. A ce titre, la manufacture est labellisée « Entreprise du Patrimoine Vivant ». Imaginez qu’ici, il y a plus de 2000 ans, on comptait environ 500 ateliers de céramistes.
Les Terres Cuites de Raujolles suivent les traces de cette histoire témoignant que seule la qualité associée à la beauté peut traverser les âges. Aujourd’hui, l’entreprise diffuse sa production vers les 5 continents et a acquis une renommée mondiale.
La faïence de Delft
On nomme faïence de Delft ou bleu de Delft la production des manufactures néerlandaises dont la plupart étaient installées dans la région de Delft à partir du XVIIe siècle.
Les faïences de Delft acquirent leur notoriété grâce à la finesse des pièces, à la qualité de leur émaillage, et à la finesse de leurs décors peints. L’émail stannifère blanc utilisé permit aux faïenciers hollandais d’approcher l’aspect de la porcelaine chinoise, largement diffusée dans le pays grâce à la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales.
Très logiquement, les premières pièces produites furent décorées de bleu à décor de chinoiseries. On ne connaît généralement des faïences de Delft que ces faïences blanches à décor bleu, appelé Bleu de Delft. Il existe cependant de nombreuses variétés de faïences colorées à la vive polychromie. De même que les décors chinois des débuts laisseront place progressivement à des décors de fleurs et d’oiseaux.
Les décors sont souvent des motifs de végétaux, mais ils représentent aussi des scènes de vie à la campagne, les armes et devises d’une famille, des marines, ou des scènes galantes. On connaît aussi de rares pièces de faïences aux magnifiques décors de trompe-l’œil.
Les manufactures de faïences de Delft furent réputées à partir du début du XVIIe siècle. Les différents potiers y produisaient ce qui fut appelé de façon erronée la Hollants Porcelyn. Cette céramique fine mais opaque était en réalité de la faïence et non de la porcelaine, les céramistes ne disposant pas du kaolin nécessaire à la production de véritable porcelaine.
La majolique
La majolique (ou maïolique) désigne à l’origine des faïences mauresques fabriquées pour l’Italie à Majorque, entre 903 et 1229, ou transitant par cette île après leur fabrication à Valence ou encore à Malaga.
Portées de Majorque, les majoliques s’introduisent dans toute l’Europe.
Le terme majolique désigne par la suite une faïence à émail stannifère. Après séchage, une première cuisson dite de biscuit est réalisée aux alentours de 1000 – 1100 °C. La poterie peut alors être émaillée à l’aide d’une glaçure au plomb opacifiée avec de l’oxyde d’étain. Le décor coloré est ensuite peint sur l’émail blanc sec, pulvérulent mais non cuit. Une fois le décor peint, une glaçure de finition translucide à base de plomb – la coperta – qui permet de rehausser les nuances et d’apporter un brillant uniforme est posée.
L’objet est alors prêt pour une seconde et dernière cuisson à 800 – 900 °C.
L’importation de la faïence stannifère espagnole se fait après plusieurs siècles de domination des modèles hispano-mauresques. Les potiers italiens vont mettre à profit l’émail blanc de la faïence pour peindre de véritables tableaux en miniature qui bénéficieront de l’extraordinaire vitalité artistique de la Renaissance italienne. On voit apparaitre dans les décors, dès le début du XVIe siècle, les figures humaines qui supplantent peu à peu les motifs stylisés de la majolique archaïque du haut Moyen Âge. Ces scènes allégoriques rencontreront rapidement le goût du moment et les décors gagneront en finesse et en richesse jusqu’à recouvrir totalement le support blanc de la pâte à faïence.
La faïence de Gien
La Faïencerie de Gien est une entreprise de fabrication de faïence fine située dans la ville française de Gien dans le département du Loiret et la région Centre-Val de Loire. Parmi les nombreuses faïenceries nées au XIXe siècle, la Faïencerie de Gien est l’une des plus renommées et la plus importante d’Europe.
La Manufacture de Gien a excellé dans l’art de l’imitation, et fabriqua des copies de pièces du passé à un prix accessible. Des pièces uniques furent également créées avec le concours d’artistes de talent qui les illustrèrent de nouveaux décors ou s’inspirèrent de ceux des siècles passés (XVIIe et XVIIIe siècles) ou de ceux d’autres faïenceries européennes et d’Extrême-Orient.
Faïencerie depuis 1821
La Faïencerie de Gien a été fondée en 1821 par un anglais, Thomas Hall, qui voulait introduire la faïence fine anglaise. 190 ans plus tard, la faïence de Gien fait partie intégrante du patrimoine culturel français, reconnue par beaucoup dans le monde entier. Les faïenciers de Gien ont développé la technique des émaux cloisonnés, née à Longwy en Lorraine, vers 1870. L’apogée de la production des faïenciers de Gien se situa entre 1855 et 1900 et de nombreuses récompenses leur furent décernées lors des grandes expositions internationales, comme en 1855, 1867, 1878, 1889 et 1900.
Les azulejos
Un azulejos ou azuléjos désigne en Espagne et au Portugal un carreau ou un ensemble de carreaux de faïence décorés. Ces carreaux sont ornés de motifs géométriques ou de représentations figuratives. On les trouve aussi bien à l’intérieur de bâtiments qu’en revêtement extérieur de façade. Cet art s’est d’abord développé en Andalousie au XVe siècle, avant de connaître son apogée au XVIIIe siècle au Portugal. Il reste de nos jours un art vivant dans le sud de l’Espagne et au Portugal.
La technique de l’émail stannifère opaque fut apportée par les Maures lors de leur occupation, et se développa dans toute la péninsule Ibérique. D’abord non figurative (interdiction de la figuration dans les préceptes de l’islam sunnite), la décoration des azulejos ne devint figurative qu’à partir de la fin du XVe siècle sous l’influence de la majolique italienne. Les premiers azulejos figuratifs sont peints à Séville vers 1500 par Francesco Niculoso, potier italien originaire de Pise.
Si Séville, pour l’Espagne, possède de magnifiques panneaux d’azulejos, et si Mexico s’enorgueillit de sa Casa de los azulejos, cet art s’est ensuite particulièrement développé au Portugal et dans ses anciennes colonies, en particulier le Brésil et les comptoirs d’Asie (Macao et Goa).
Le zellige
Le zellige est une mosaïque dont les éléments, appelés tesselles, sont des morceaux de carreaux de faïence colorés. Ces morceaux de terre cuite émaillée sont découpés un à un et assemblés sur un lit de mortier pour former un assemblage géométrique. Le zellige, utilisé principalement pour orner des murs ou des fontaines, est un composant caractéristique de l’architecture arabo-andalouse, présent principalement au Maroc, en Espagne et en Algérie.
Sans doute inspiré de la mosaïque romaine puis byzantine, le zellige apparaît au Maroc au Xe siècle, d’abord avec des nuances de blanc et de brun. Il s’est ensuite épanoui au XIVe siècle sous la dynastie des Mérinides avec l’utilisation du bleu, du vert et du jaune. Les Mérinides l’ont largement utilisé notamment à Meknès. Le rouge ne sera utilisé qu’à partir du XVIIe siècle.
Aujourd’hui, la palette des couleurs du zellige s’est singulièrement enrichie de couleurs vives qui permettent de multiplier les compositions à l’infini. Des émaux aux teintes naturelles continuent à être utilisés au Maroc, en particulier à Fès ; les techniques de fabrication ont peu évolué depuis la période des Mérinides. Le zellige est un élément de l’architecture marocaine qui a su s’adapter aux styles de décoration contemporains tout en préservant un mode de fabrication artisanal.
Le zellige est utilisé pour revêtir des murs, mais aussi parfois des sols. Les carreaux utilisés ont alors une épaisseur d’environ 2 cm. On utilise parfois alors un carré d’environ 10 × 10 cm aux coins coupés pour être combiné avec un cabochon de couleur. Pour habiller les sols on utilise également le bejmat, pavé rectangulaire d’environ 12 x 4 cm, souvent posé en chevron.
Les zelliges sont cuits à basse température, et sont donc peu résistants. Ils ne conviennent pas pour recouvrir un plan de travail de cuisine ou un sol de salle de bain.